Chers patrons, je vous ai menti

santé Jul 12, 2017

Chers patrons je vous ai menti.

Pas souvent, rien de grave.

Un tout petit mensonge ou deux ou quatre. Pas plus de cinq. Promis – juré – craché.

La gastro du petit dernier, ce n’était pas vrai.

Les étourdissements n’étaient probablement pas ce que vous pensiez. Je ne sais pas si c’est mon aura ou mon esprit qui était à spin.

La migraine ce n’était pas vrai. Ben, pas tout à fait vrai.  Je n’avais pas mal à la tête, j’avais mal dedans. Dedans comme dans cerveau dans la bouette, les larmes et l’angoisse.

Je n’ai jamais caché ma dépression, une fois diagnostiquée, mais j’ai caché tous les signes avant-coureurs. Je vous ai menti. Mais la personne à qui j’ai fait le plus de tord c’est moi. Je me suis moi-même raconter des sornettes.

Prendre congé pour sa santé mentale, respirer et se détendre est aussi important que n’importe quel congé de maladie.

Pourquoi je vous dis cela aujourd’hui ? Parce que mon mari m’en envoyé un tweet devenu viral. Celui de Madalyn

madalyn

La réponse de son patron est d’une incroyable humanité.

J’aurais dû dire la vérité. Peut-être auriez-vous compris vous aussi. Peut-être m’auriez-vous envoyé un message plein d’humanité.  Je suis certaine qu’en ce moment, un grand nombre d’hommes et de femmes se disent ‘’OH !! je n’aurais jamais le courage de dire à mon patron que je ne rentre pas pour prendre soin de ma tête, surtout pour ce qui se passe dedans…. Il n’accepterait jamais cela ! Que dirait-il ? Mes collègues penseront sûrement que je veux juste quelques journées de vacances.’’

Il reste encore du chemin à faire, pour éliminer la stigmatisation. Je vous entends déjà marmonner… mon boss ne comprendrait rien. »  Je vais juste vous poser une petite question ! Avant de le demander, encore faut-il nous-même l’accepter. Briser les tabous entourant la santé mentale commence par nous-même.

En conférence, je raconte mes petits mensonges. J’exprime aussi mon souhait que le congé de maladie pour santé mentale deviennent une  pratique courante –  autant que celui pour la gastro l’est.  Sans culpabilité. Que ça soit Beurk dans la toilette ou Beurk dans ma tête. C’est Beurk !! point à la ligne.

Si j’étais patron, j’enverrais une note à mes employés pour leur dire l’importance de prendre soin de soi de façon globale.  On devrait peut-être arrêter de dire santé mentale et santé physique. En tant qu’ancienne fille d’un réseau des sports, je dirais blessure au haut du corps ou bas du corps. Le milieu c’est le nombril. That’s it that’s all. ‘’Patron, je ne rentre pas je suis blessée au haut du corps.’’

Quelques journées off pour décanter le brouillard dans sa tête est salvateur et cela pourrait ultimement éviter la dépression, un long congé de maladie, la prise d’antidépresseur, réduire le coût des assurances et le coût humain.

La dépression et les troubles de l’anxiété coûtent à l’économie mondiale 1000 milliards de dollars (US $) 1000 milliards!!!  Cela fait beaucoup de zéros, et cela fait beaucoup de bobos.

Chaque dollar US investi pour développer le traitement de la dépression et de l’anxiété en rapporte 4 sous forme d’une amélioration de la santé et de la capacité de travail, selon une nouvelle étude dirigée par l’OMS qui estime, pour la première fois, les avantages pour la santé et l’économie de l’investissement dans les traitements des formes les plus courantes de troubles mentaux à l’échelle mondiale. 

Bien, le patron de Madalyn a tout compris. Je ne sais pas si l’ entreprise a versé une indemnité de maladie à Madalyn. Si oui c’est Quelques centaines de dollars tout au plus. Mais l’investissement en capital humain en vaut le double le triple ou même le quadruple.

PS : J’ai une collaboratrice à temps partiel. Je lui demande souvent si elle est sortie marcher, si elle a eu le temps de lire, de se détendre ou de se faire plaisir.  Sa réponse est souvent non… je crois que je vais la suspendre une journée pour non-respect des valeurs de ma compagnie 😉

PPS : Oui vous avez raison, il reste encore beaucoup de tabous entourant la dépression, l’anxiété et les troubles mentaux. Mais c’est maladie affecte 1 personne sur 5. Ça déjà été moi. Chaque fois qu’une histoire d’ouverture et de compréhension sort dans les médias, mon cœur sourit. Si le chemin pour l’acceptation est encore parsemé d’embûches, collectivement sortons nos pelles et libérerons la route pour nos enfants. Une belle façon de participer à un changement de société.

PPPS: À tous ceux et celles qui soignent une dépression je vous fais un standing ovation ! Bravo de vous prendre en charge aussi douloureux que cela puisse être. La situation est temporaire (j’ai déjà trouvé que 20 pas pour me rendre à la douche était beaucoup trop loin)

PPPPS: À tous les patrons qui ont à cœur la santé de leurs employés, je vous envoie des confettis. Merci de rendre le monde meilleur.

PPPPPS: À mes patrons qui m’ont accueilli avec le plus grand des respects après mon congé de maladie je vous dis un grand merci. Votre confiance post-dépression m’a grandement touchée.

PPPPPPS :  La dépression ne définit pas qui vous êtes, c’est un rituel de passage qui vous oblige simplement à reconnecter avec votre joie et qui vous êtes.