J'aurais dû...

Apr 26, 2021
En faisant la révision du livre que j’écris, j’ai été amenée à revisiter plusieurs des thèmes dont je parle. Je vous partage une de ces réflexions sur les regrets.

Que diras-tu à la fin de ta vie?

Connais-tu les cinq regrets des personnes en fin de vie ? C’est un magnifique livre écrit par Bronnie Ware, une infirmière australienne qui œuvrait auprès des personnes sur le point de mourir en leur apportant un réconfort physique et psychologique. Comme elle leur parlait tous les jours, elle en a aussi profité pour leur poser des questions sur leur vie, leurs regrets. Et elle a répertorié les cinq regrets les plus communs. On peut certainement se douter que personne n’a dit : j’aurais dû faire plus de ménage. La poussière peut attendre.

Le regret numéro 1 répertorié dans ce livre est : J’aurais préféré vivre ma vie, pas celle des autres. Quand les gens réalisent que leur vie touche à sa fin et qu’ils jettent un regard lucide sur leur existence, il est aisé de constater combien de projets n’ont pas été réalisés.

La plupart des gens n’ont pas réalisé la moitié de leurs rêves et doivent mourir en ayant conscience que cela est dû au choix qu’ils ont fait ou qu’ils n’ont pas fait.

Ça demeure un choix. Ne rien faire est un choix.

Mon père n’est pas nécessairement en fin de vie, mais peut-être en fin de vie consciente, ne sachant pas de quelle façon l’Alzheimer va évoluer au cours des prochains mois, des prochaines années. Je ne suis pas en projection. Je suis juste consciente du moment présent et j’en profite pour lui poser toutes sortes de questions.

Je lui ai demandé : Papa, est-ce que tu as des regrets ? Il m’a répondu : J’aurais dû moins mettre d’argent de côté et profiter encore plus du temps avec ta mère lorsqu’elle était en vie. Là, j’ai de l’argent et je ne sais plus quoi faire.

Et moi, est-ce que j’ai des regrets?

Moi, je suis très, très consciente de ma mortalité. Ce n’est pas de la peur. Je suis consciente que ma vie terrestre a un temps défini. Quand je me demande si j’ai des regrets, honnêtement, je n’en ai pas. J’ai eu une vie vraiment délicieuse, avec beaucoup de choix.

La vie délicieuse ne veut pas dire que je n’ai pas souffert ou qu’il n’y a pas eu des périodes difficiles. Où je n’ai pas capoté, ou que je n’ai pas été en étoile à pleurer. Ça ne veut pas non plus dire que je n’ai pas eu besoin de soutien psychologique. Tout ça fait partie de mon environnement. Ça fait partie de mon histoire, et je suis détachée par rapport à ça.

Je n’ai pas de regrets parce que je suis en train d’écrire un livre. Si je partais sans écrire un livre, ça ferait partie de mes regrets. Le IronMan est fait, j’ai grimpé des montagnes. J’ai quitté un premier conjoint avec qui la vie n’était plus satisfaisante, ni pour lui ni pour moi, même si on avait un enfant.

Je suis vraiment une fille de décision. Je ne maintiens pas un inconfort très longtemps. Rapidement je me demande : où est-ce qu’on s’en va ? C’est quoi la suite des choses ?

Et toi, as-tu des regrets ? Quels choix peux-tu faire maintenant pour avoir le moins de regrets possible à la fin de ta vie ?

 

Propos recueillis par Sylvie Dolbec
Photo : Matthew Henry