Renoncer pour mieux se choisir

bon pour moi choix jugement Oct 02, 2018

 Il y a quelques semaines, je participais à l’événement Moi pour Toi avec Chantal Lacroix.

C’est un événement hallucinant où environ 200 personnes (30 véhicules récréatifs) courraient à relais entre Montréal et Québec, au profit de la Fondation des étoiles.

Si vous connaissez un peu Chantal Lacroix, vous savez à quel point elle est fabuleuse. Elle met tout son cœur, toute son âme dans la réalisation d’un événement.

L’an passé j’étais partenaire avec elle, j’avais participé à l’événement et j’avais décidé de répéter l’expérience cette année aussi. Le hic, puisque c’était un engagement que j’avais pris depuis un an, c’est que mes mois d’août, septembre et octobre s’étaient remplis d’activités et d’engagements. Une grosse fin d’été!

Je savais que physiquement, je n’avais probablement pas la capacité de me rendre à Québec à la course. J’avais encore moins l’énergie de manquer une nuit de sommeil. Quand même, je voulais honorer mon engagement. J’ai tout fait pour quand même participer à l’événement. Je me suis dit « Si je vais super bien, je vais pouvoir le faire jusqu’au bout ».

Mon corps me parle

J’ai commencé à courir et après environ 10 km, tous les bobos que j’ai jamais eus sont ressortis l’un après l’autre : mal aux genoux, sous le pied, aux côtes, au dos, alouette! Des bobos qui étaient réglés depuis plusieurs années. Je me rendais compte que la fatigue me rentrait dedans. Devais-je arrêter?

Il ne faut pas oublier que l’enjeu était grand. Des femmes étaient venues courir avec moi, on voulait se côtoyer pendant le weekend. J’allais les décevoir si j’abandonnais. Devais-je continuer?

À un moment, je me suis rendu compte que je n’avais plus aucune énergie, plus d’intérêt, je me demandais ce que je faisais là. Je devais prendre une décision. Choisir quelque chose. Renoncer à compléter l’événement pour être en forme pour tous mes nombreux engagements de la semaine qui suit? Continuer à courir, au risque de me blesser, pour respecter cet engagement et ne pas décevoir celles qui étaient venues courir avec moi?

Je me suis rendu compte que tous mes choix professionnels étaient compromis si je ne renonçais pas. J’ai donc pris la décision de renoncer à terminer l’épreuve.

J’aurais pu renoncer avant de partir. Je le savais que mon corps me disait : « NON! Sérieux, on va vraiment manquer une nuit de sommeil? NON! Je ne veux pas ça. » Il me parlait fort, mais au départ j’ai choisi de ne pas l’écouter. Par la suite, quand il m’a parlé encore plus fort, je l’ai finalement écouté. Je me suis choisie.

Quand je l’ai partagé sur ma page et les gens m’ont répondu « Comme tu es courageuse! » Je réponds plutôt que je me suis choisie. Je me suis respectée.

Et vous? Êtes-vous capable de renoncer? De vous choisir?

Êtes-vous capable de dire « Ça suffit »? Indépendamment de l’implication que vous avez dans un projet.

Êtes-vous capable de choisir votre santé physique, mentale?

Êtes-vous prête à dire « Je ne peux pas en faire plus en ce moment, parce qu’il en va de ma propre santé. »?

Combien de fois avez-vous choisi de ne pas vous choisir

Combien de fois avez-vous choisi coûte que coûte d’aller à fond dans un projet, alors que ce projet-là n’avait peut-être pas à être mené à terme.

Est-ce que parfois vous avez tendance à vouloir être tellement loyale, (tellement bon, tellement gentil, tellement forte, puissante, montrer à tout le monde à quel point vous êtes capable d’en faire beaucoup) que vous oubliez la douleur. Et finalement, vous vous rendez-compte que ce n’était peut-être pas la bonne chose à faire.

Êtes-vous rendues bonnes ou pas par rapport à ça?

C’est difficile, mais parfois il faut le faire quand même, surtout quand le corps nous parle.

On n’aime pas toujours ça devoir renoncer. Qu’est-ce que ça amène de renoncer à quelque chose. Souvent c’est un sentiment de culpabilité : « Que vont-ils penser de moi? », « Chantal ne me demandera plus de participer à ces événements. », « Les autres vont me percevoir comme une lâcheuse et je ne serai plus jamais partenaire de rien. »

On est prêt à poursuivre, coûte que coûte, au détriment de notre santé. Quitte à finir le nez dans la garnotte, les genoux en sang parce qu’on est exténué. Quitte à sacrifier toutes les autres choses qui étaient prévues par la suite.

Je choisis qui je veux être

J’ai choisi, et je l’incarne de plus en plus, d’être qui je veux être. (Ce n’est pas toujours parfait, il m’arrive encore de me sentir coupable, j’ai encore honte parfois, je me sens vulnérable à en avoir mal.)

Si je veux assumer à 100 % qui je suis dans toute ma couleur, dans toute ma splendeur, ma puissance, avec mes frisettes et la couleur que je peux avoir dans le visage, je dois être en mesure de renoncer. De dire c’est assez, ça suffit pour moi.

Si jamais ça mettait réellement en cause certains de mes projets et certaines associations, je l’assume à 100 %. C’est ma vie. C’est la vie que j’ai choisie, c’est la vie que je suis en train de bâtir, les horaires que je me crée.

Le grand plaisir qu’on a en étant en vie, en étant humain, femme, assumée, homme, assumé, c’est de pouvoir se dire : « Cette situation-là, pour moi, c’est trop et je vais arrêter. »

Il y a probablement des tonnes de personnes qui se sont dit : « Je le savais, elle a tellement un horaire de fou, ça n’a pas de bon sens… » C’est certain qu’il y a des jugements, mais je ne m’en fais pas. Il y a du jugement avant que je participe à quelque chose, il y a du jugement après, il y a du jugement si je renonce…

Je parle au Je, mais probablement que c’est la même chose pour vous.

Il y aura toujours du jugement. C’est pour ça qu’il faut faire ce qui est bon pour nous.

Et vous, faites-vous ce qui est bon pour vous?

 

Je poursuivrai cette réflexion sur le jugement dans mon prochain article.